La Concession française de Shanghai : Son histoire

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Même si elle n’a pas pris une part active à l’histoire de la Chine, la Concession française de Shanghai en fait quand même partie intégrante. C’est une autre part de la France qui est restée dans cette partie de l’Asie et qu’il est bien de visiter une fois sur place.

Sommaire

Les débuts de la concession

Les origines de la Concession française de Shanghai remontent à la signature en 1843 du traité de Whampoa. Ce document donnait à la Grande-Bretagne, aux États-Unis ainsi qu’à la France le droit d’exploitation de cinq ports chinois ainsi que le droit pour leurs ressortissants d’y acquérir du mobilier. C’est donc fort du contenu de ce document qu’en 1847, Charles de Montigny arrive à Shanghai avec sa famille dans le but de mettre sur pied un consulat de France, mais aussi pour que soit établi au nom de la France une concession.

Ainsi, en 1849, une portion de terre a été mise à disposition de la famille de l’émissaire français. Cette portion de terre comprise entre la cité fortifiée chinoise et les concessions anglaises sur place depuis six ans. La première concession se trouvait pour ainsi dire dans une zone séparée de celle anglaise par un cours d’eau, le Yang King Pang. Il faut préciser qu’à cette époque, les Anglais et les Américains ambitionnaient de fusionner toutes les trois concessions pour leur donner davantage de pouvoir, mais le projet n’a pas été du goût de la France qui l’a décliné.

Plus chinoise que française

La Concession va donc continuer son évolution solitaire. Au cours du 19e siècle, elle va connaître une avancée spectaculaire jusqu’à devenir complètement autonome. Alors que la population globale de la concession s’évaluait à 33 660 habitants, les Chinois à eux seuls étaient 33 330. Vers le début du vingtième siècle, la population de la Concession a été multipliée par trois et la superficie occupée est passée de 66 hectares à 144. Nous étions en 1900. C’est aussi à cette période que les premiers grands travaux ont connue leur amorçage.

En 1906, la première ligne de tramway de la Concession a été mise en service. Profitant de l’essor spectaculaire de la ville de Shanghai, la Concession française a développé ses propres infrastructures. Des véhicules ont également été importés. La Concession disposait aussi de ses propres écoles, de ses hôpitaux, de ses églises et même de ses banques. On y comptait aussi des magasins de mode, des épiceries, des salons de thé et aussi des bordels.

Les plans de la ville de Paris du début du XXe siècle auraient servi pour construire et administrer la Concession française de Shanghai. On relève aussi que pendant que les gardes britanniques s’occupaient de la sécurisation des rues dans le nord de la Concession, c’étaient les Indochinois qui en avaient la responsabilité dans le sud. Les gardes français, quant à eux, s’occupaient de la sécurité à l’intérieur de la Concession. Cet ancien territoire français aurait servi de refuge à des fugitifs chinois et étrangers.

C’est au cours de la sombre période de la Seconde Guerre mondiale que la Concession française de Shanghai a connue ses dernières heures. En 1941, alors que les Japonais occupent Shanghai les troupes marchent dans la ville et n’épargnent aucunement les concessions, pourtant territoires sous administration étrangère. En 1943, un nouvel accord signé entre les Britanniques et la nouvelle administration chinoise oblige le consul général français de l’époque à remettre les clés de la Concession aux autorités chinoises, sonnant ainsi la fin de la Concession.

Ce qu’il en reste

Il faut dire qu’aujourd’hui, les Chinois ne préfèrent pas vraiment que l’on nomme les lieux par l’expression « Concession française ». Peut-être par simple souci nationaliste. Mais ils aiment bien se rendre en ce lieu qui, malgré les années, continue d’abriter quelques français en quête de racine sur un territoire étranger. Les rues sont animées par les bars et les bistros d’appartenance française. Même les noms choisis pour certaines boutiques rappellent la France.

Les choses à voir une fois sur place

La culture française se mélange aisément à celle chinoise en ce lieu qui respire encore le souvenir d’une époque maintenant révolue. Cependant, il existe encore des vestiges de cette époque qui essaient tant bien que mal de résister à l’assaut du temps. Par exemple le célèbre hôtel Jinjiang situé dans la rue Maoming. Certaines mémoires de l’époque de la Concession y sont encore vivantes.

Deux rues doivent paraître dans votre programme de tourisme dans l’ancienne Concession française. Il s’agit notamment de la rue Huaihai. C’est une rue de la ville que certains n’hésitent pas à comparer aux Champs Élysées en raison sûrement de son aspect fortement illuminé. On peut encore y voir dresser contre le temps certaines habitations coloniales. La Concession française n’est plus vraiment française, mais l’esprit de Marianne y demeure toujours.